21 décembre 2010

Empreinte carbone



S’il ne s’agissait que de courir pour le plaisir.

Ou pour maintenir la machine en état de bonne marche.

Ou sous le prétexte, tout à fait louable, d’éliminer les toxines. Et, au passage, de ne pas prendre de poids. Enfin..pas trop.

S’il ne s’agissait que de cela.

Ecartons du même coup l’idée ou l’ambition de faire un temps voire une perf dans un trail officiel labellisé.

Prendre juste ce temps, le voler quasiment à la frénésie du monde actuel. Ces quelques instants fugitifs où je fuis le stress de la vie quotidienne et la pression d’un monde bruyant, bavard et bruissant, vraiment trop.

Ce temps là qui n’appartient alors qu’à moi-même. Egoïstement.

Ce pas de côté que je fais en faisant ces milliers de pas de course.

Se mettre à l’écart.

Une belle et salutaire parenthèse à l’intérieur de laquelle se taisent toutes les rumeurs des médias pris au piège de leurs propres bavardages et qui se renvoient les échos concentriques d’une cacophonie assourdissante ; parenthèse où s’éludent les questions effrayantes soulevées chaque jour au gré des secousses économiques ; si douce accalmie loin des excès les plus fous de quelques privilégiés affichant sans vergogne leur luxe insensé dans un océan d’inégalités insupportables. Et que des millions supportent, pourtant, et en silence.

Sortir, pour quelques heures, de ce gigantesque et planétaire maelström.

Avec le minimum d’équipement. Dans la tenue la plus simple possible. J’allais dire, en souriant, avec l’empreinte carbone la plus réduite qu’il se peut.

Je ne sauverai certes pas la planète à moi seul pour ma spartiate exemplarité.

Mais, tout de même, s’extraire. À la force du jarret. Sans aucun engin mécanique. Polluant ou pas. Ne dépendre que de soi et de ses propres forces.

Orgueil démesuré ? Mal placé ?

Atteindre à une forme d’ascèse. Le mot, redoutable, est lâché. Pourquoi serait-il l’apanage des philosophes, des sages ou des sadhus gyrovagues ?

Ne garder que l’essentiel. Entre ciel et sol. Juste l’espace et soi. Juste l’azur et ses moutons fantasques. Rien d’autre. De l’air, beaucoup. Autour de moi. En moi. Et toute la planète, là, sous mes pieds. L’effleurer à peine, de mes semelles de vent. Pas la salir. Ni la meurtrir.

Terre en danger, il semblerait. Sauve qui peut. Sauve qui veut.

Et se sauver soi. D’abord.

18 décembre 2010

A l'aube d'une année nouvelle

Photo : Au Népal, à Bandhipur, on laboure encore avec une araire et deux boeufs

Qu'est-ce qui fait qu'on reprend un beau matin le blog qu'on avait interrompu depuis pas mal de temps déjà ? Pas mal de temps, il est vrai.

Mais, quoi qu'on fasse ou dise, le temps s'en fout, lui. Il passe. Normal : il n'a que ça à faire.

Nous, pendant ce temps-là, on bouge, on s'agite, on fait des projets, on s'illusionne. Bref, on vit, quoi !

Reprendre le blog, alors ? Il y a déjà tant de choses sur cette foutue "toile" géante !!!
Et moi, petite araignée dérisoire, je tisse la mienne au gré de mes pérégrinations, de mes envies, de mes coups de coeur et de mes coups de tête.

Rien que pour cette année deux mille et dix, qui vient de s'écouler, je suis parti, au printemps, deux mois sur le Chemin de Compostelle ; puis j'ai crapahuté, durant l'été, vaille que vaille, sur des trails improbables du côté des Alpes ; enfin, nous nous en sommes allés, en automne, ma douce et vaillante dulcinée et moi-même, sac au dos et sans assistance, du côté des plus hautes montagnes du monde dans le Népal, entre ces deux géants invraisemblables que sont la Chine et l'Inde.

De toutes ces péripéties, j'ai rapporté des images et surtout des mots.
Que je vous ferai partager. Pourquoi garder pour soi ce qu'on peut communiquer et qui nous a donné tant de joies et de plaisirs ?

Car, crise ou pas crise, le monde est toujours aussi passionnant. Heureusement !

Et les déclarations plus ou moins foireuses d'un ministre de l'intérieur ou les propos honteux et délibérés d'une héritière d'un parti xénophobe et carrément raciste n'y changeront rien : c'est parce que les gens sont différents et décidément très imprévisibles que la vie est intéressante et vaut d'être vécue.

Comptez donc sur moi pour parler encore et toujours, et encore et toujours, de cette différence, incroyable et merveilleuse, sans laquelle "on se ferait tous chier comme des rats morts."

Dite comme ça, la formule semble un peu abrupte et pourrait choquer.

Certes, j'en conviens.

Mais imaginer un monde où on serait tous pareils et dans lequel on penserait tous la même chose au même moment. Brrrr... frissons dans le dos, et ailleurs, rien que d'y penser.

Alors, quoi ? Eh bien, de courtes chroniques, sur tout et sur rien, sur l'océan dans lequel nous nageons ; et sur nous, les poissons, petits, moyens et gros. On y parlera même, à l'occasion, de baleines et de plancton, de requins féroces et de mérous placides, "d'îles jamais trouvées" * et de tempêtes terrifiantes, de marins perdus et de sirènes perfides. Tout un programme.

* Remerciements au M.A.M de Sainté pour la formule et pour la nouvelle expo ( à voir séance tenante )