30 mars 2009

j MOINS COMBIEN ?


Bêtement, je dois l'avouer, je me suis mis à compter le nombre de jours restants avant " la quille". C'est ballot, non, comme aurait dit Fabrice ?... 

Non pas que je sois las de l'école. Quoique... ça aurait pu. Car, effectivement, c'est un boulot qui use. Pour des tas de raisons. Qu'on sait ou qu'on devine. 

Pour ma part, il est vrai que bosser plus de vingt années dans les quartiers sensibles ... ne m'a pas laissé insensible. Même s'il y a fallu une solide armure, dessous c'est chair humaine et coeur saignant. On n'est pas en acier inoxydable. Fragile donc, parfois. On ne fait pas ça impunément pendant tout ce temps sans que ça ne laisse aucune trace. 

Comme dirait l'autre :  " j'ai donné". Et j'ai reçu. Bien évidemment. Why not ? J'ai tout bien encaissé vue ma solide carcasse et un moral à toute(s) épreuve (s). J'ai aussi tout bien aimé. Quelques accrocs par ci par là avec des gamins plus ou moins rebelles. Mais rien que de très commun, je suppose, comme dans pas mal de quartiers et banlieues difficiles. 

Mais là, maintenant, à l'heure où que je vous cause - tiens, je me mets à parler en sarko, quasi...- donc, là, je suis soulagé. A la fois satisfait et soulagé. De savoir que je vais poser le sac bien lourd, ça m'allège l'esprit. 

Pour le coup, je savoure encore plus les quelques instants qui me restent avec mes loupiots. 
Comme cette journée science de vendredi dernier, au cours de laquelle toute l'école avait organisé des ateliers d'expériences. Journée d'échanges et de rencontres. De joies aussi : voir photo. Une ruche qui bourdonne. Apprendre en s'amusant. Du baume au coeur. 

Comme cet après-midi où nous avons visité le Musée de la Mine du site Couriot avec mes élèves de 8 ans. Pour eux, le passage souterrain dans les galeries reconstituées, dans les petits chariots bringuebalants, c'était aussi bien, voire mieux, que Disneyland. Sauf que ça parlait de la vraie réalité et d'enfants de 12 ans qui poussaient les bennes au fond. Et que c'est à cet endroit même que deux de mes oncles, immigrés italiens, ont extrait le charbon du profond du sol stéphanois. 

Donc, grosse séquence émotion pour ma pomme. Belle façon de finir. 


22 mars 2009

( SE ) DEFILER


Je défile. Tu défiles. Il ou elle défile. On défile sans se défiler. On conjugue nos efforts. Pour un résultat proche de zéro. Sur la copie du jour : efforts méritoires mais peut mieux faire. 

Le soir, après l'épreuve, passée et réussie, on retrouve le président du jury au journal de 20h sur TF1 " Il y avait du monde, effectivement." reconnaît-il. " Mais on ne changera rien à ce qu'on a dit. Ce sera donc 2,6 milliards pour la relance, comme annoncé, qui vont faire effet incessamment sous peu. Certes, je comprends les inquiétudes et les angoisses des Français face à cette crise, mondiale je dois le préciser. Mais ailleurs, c'est pire..."

Que dire ? Que répondre ? Que faire ? That's the question. The BIG question. 

Que dire ? Mr Fillon fait semblant d'ignorer sciemment et résolument que ce n'est pas tant contre la crise que les Français défilent - ils ne sont pas si idiots que cela - que contre les mesures dérisoires et très peu efficaces qui sont proposées. 

Que répondre ? Que les manifestants étaient bien solidaires. Par millions, même. Pour demander surtout l'arrêt de la casse des services publics. Et pour une autre politique tout court. Mais là, avec ce gouvernement qui a été mis en place - démocratiquement et à une large majorité - faire autrement " ça va pas être possible". Et ce n'est pas ce qui a été prévu. 

Que faire ? Là, effectivement, on est à un tournant du mouvement de contestation commencé à l'automne 2008. On sent bien bien qu'il y a une colère réelle, doublée d'une angoisse profonde créée et amplifiée par la crise ; avec, en prime, une vraie impopularité  du chef de l'Etat lui-même. Personne n'est crédible, y compris au plus haut niveau. D'où un désarroi qui peut mener à certaines extrémités... Car, vers qui et vers quoi se tourner quand tout va mal et que plus personne n'a de réponse immédiate et navigue à vue, comme c'est le cas actuellement ? 

La bombe est prête, donc. Elle peut exploser. Ou faire long feu. Les syndicats semblent redouter la radicalisation ou le débordement par les ailes extrêmes... ou alternatives,  s'ils s'avèrent inefficaces ou incapables de relayer et canaliser toutes ces rancoeurs et désespérances accumulées. Après tout, ils ne représentent qu'à peine 20 % des salariés de ce pays. C'est peu pour se lancer dans quelque chose de plus conséquent. 

Il n'y a pas, non plus, une vraie force légitime d'opposition. C'est un euphémisme. Il y a pour l'instant plus d'épines que de pétales dans le parti à la rose. Et pas grand chose à proposer. A part des fest noz, plus ou moins bien remplis, au Zénith. Et deux drôles de dames à la mission incertaine. Et qui ne se lancent pas des fleurs. 

Une fois dit tout ça, me direz-vous, on n'est pas plus avancés. Effectivement. Un " rien" suffirait à tout faire basculer. Mais d'où va venir ce "rien" indéfinissable ? Le "rien", par essence, n'existe pas et peut donc venir de nulle part. Ou ne pas venir du tout. Lancer une grève générale ou faire la révolution, comme certains le clament, ce n'est pas " rien". Et ça ne se décrète pas tout à trac, de but en blanc. 

Alors, volcan empli de magma souterrain, cocotte minute sous pression ou bombe à mèche courte prête à péter à tout moment ? Va savoir... 

Nicolas a l'air toujours aussi bravache. Même qu'il aurait " la banane", qu'il dit dans son langage académique bien à lui. Faute d'avoir la pêche. Lui qui avait prédit une belle récolte, si on travaillait plus, à pleins paniers, des fruits de la croissance. Maigre récolte. La faute à la con... joncture. Internationale, comme il se doit. D'où le doigt dans l'oeil. Ailleurs, on n'ose même pas y penser. 

Pas de fruits cette année, donc. Juste les pépins. On nous prenait pour des pommes, déjà. On était, sans le savoir,  les poires du système bancaire. Et on s'est bien fait bananer. Salade de fruits jolie jolie... 

Y aura-t-il les raisins de la colère ? 




14 mars 2009


De ministre à sinistre, une seule lettre d'écart...

Sinistre politique que celle menée par icelui. A la limite du mépris. Et même souvent au-delà. 

Là où il faudrait compréhension et humanisme, on n'entend que rappels à l'ordre, exhortations, diktats. Et le reste à l'avenant. 

S'étonner, après coup-s, que ça rue dans la rue et dans les brancards. S'étonner encore que les " réformes" passent mal ou pas du tout !!!!

Tout faux sur la forme, donc. Car, mettre les formes pour des réformes, ce serait la moindre des choses et des précautions qu'on pourrait mettre à l'égard de ces pédagos qui n'ont pas la tâche facile. 

Mais non. Il a été décidé, une bonne fois pour toutes, que la gent pédagote était hostile à tout changement - c'est bien connu. Il fallait donc réformer à la hussarde, à tour de bras et tous azimuts. 

D'autant qu'on va être en pleine schizophrénie avec d'un côté de hautes exigences supérieures, des attentes de plus  en plus fortes des parents attisées par des évaluations abruptes... et de l'autre côté des moyens en baisse. 

On voit le résultat : ça grippe, ça coince, ça conteste, ça manifeste. En gros, ça dit son mal-être voire son angoisse. Et, même,  horreur, ça n'applique par les circulaires et décrets officiels ! Alors, ça désobéit, sciemment, ça le revendique même, au vu et au su de tous. Horreur suprême, donc : des enseignants qui revendiquent la désobéissance. Un oxymore très dérangeant. Suivi d'un autre : un beau gâchis. 

Gâchis parce qu'il y a sûrement autre chose à faire que mettre les gens dans la rue. Autre chose à faire que de vouloir imposer au forceps ce qui ne va pas de soi et qui, de toute façon, et quoi qu'on dise, n'est ni une avancée ou un progrès ; encore moins une évolution. Ce serait même plutôt le contraire. 

Plein d'autres choses à faire que ces décisions à l'emporte-pièces qui n'emportent " pas tout à fait " l'adhésion de ceux qui devraient être directement concernés. Et qui sont, aïe ça fait mal, plutôt consternés. 

Ecoute et concertation : ça doit être des gros mots, tout là haut; au Sinistère ! Pas très adroite, cette politique-là. Excuse me : vous avez dû entendre " à droite alors que....

Il est vrai que lorsque ce fut la gauche qui était aux commandes du paquebot Education Nationale, ça ne se passait pas tout à fait comme cela. Les illustres capitaines se nommaient alors Savary, Jospin, Lang. Passons sous silence un gros bug, celui qui eut une croisière pas tout à fait allègre...Erreur de casting. A part la tectonique des plaques, domaine qu'il n'aurait jamais dû quitter, il fut souvent à côté de la plaque et provoqua maints séismes dont il fut une des victimes, d'ailleurs. Dans le genre obstiné et à contre-courant, on n'a pas fait mieux depuis. Quoique, avec l'actuel....

Pour résumer : les réformes qui ont fait véritablement avancer l'école ont été, indubitablement de gauche. Y a pas photo. Si tu m'crois pas, eh, t'vas voir ta gueule à la récré ! 





11 mars 2009

Carte scolère 2009


Effectivement, comme l'écrit si joliment mon syndicat, le SNUipp, c'est bien d'une carte" scolère" dont il s'agit. 

Devant laquelle on voit rouge : si on s'amuse en effet à colorier, comme je l'ai fait, les départements qui vont avoir des suppressions de postes à la rentrée 2009, la carte de France se retrouve aux 3/4 barbouillée de rouge. Donc... gros bobo. Et pas de pansement en vue, apparemment. 

J'ai donc décidé de participer à l'effort l'effort national d'économie drastique dont ce gouvernement a fait son cheval de bataille. Comme le veut la formule consacrée, je demande à bénéficier d'une pension de retraite. Ce qui libérera un poste. Bel effort...

De fait, j'aurais dû normalement cesser toute activité professionnelle en juin 2008. Ayant enseigné dès mes 20 printemps - chargé d'école aux confins des monts du Forez au-dessus de Noirétable dans un village de 82 habitants et avec une classe " unique " de 5 élèves ! - j'ai donc fait le plus beau métier du monde pendant 36 années non stop. 

Dois-je rappeler ici que lorsque je signai mon contrat d'engagement avec l'Etat, celui-ci m'assurait alors en contrepartie que je serai libre de toute obligation...en 2008 ? 
Mais, entre-temps, et en 2003 comme chacun sait, l'arbitre a changé les règles du jeu en cours de match, malgré nos vives et fondées contestations. Et, en guise de carton jaune, m'a collé illico des prolongations de 10 trimestres.

 Une paille, me direz-vous. C'est vrai que j'ai bien aimé ce boulot. Et que, c'est bien connu, quand on aime...on ne compte pas ! J'avais donc décidé de rempiler et de me taper lesites prolongations qui me menaient jusqu'à l'horizon 2011. Histoire d'éviter l'inévitable décote qui me pénalisait pour " départ anticipé" - la bonne blague. 

Las ! Je viens de jeter l'éponge avec l'eau du bain. L'eau du bain est de plus en plus trouble et troublée. Vous avez remarqué, n'est-ce pas ? Et l'éponge grossit chaque jour davantage, pleine qu'elle est à éponger les avatars et inconvénients en tous genres qu'on veut bien nous faire en haut lieu. Et que je t'éponge chaque jour un  peu plus. A croire que là-haut, au Sinistère de l'Education de moins en moins nationale sauf pour les mesures à la kon, ils doivent avoir une cellule spéciale emmerdes. Des types bien payés qui doivent se réunir chaque matin, une espèce de Think Tank à la Kennedy mais plutôt du genre losers, et qui doivent avoir pour consigne : 
" Qu'est-ce qu'on pourrait bien inventer pour compliquer la vie des pédagos mais pour faire croire en même temps à l'opinion publique qu'on s'occupe vraiment tout bien de l'Ecole et de l'avenir des petits nenfants ? " 

Résultat des courses : mon éponge à moi est donc bien pleine, saturée même, dégoulinante et surtout très très lourde. Elle n'éponge donc plus rien. Et je n'ai plus l'envie ni la force de l'essorer chaque matin. Comme je l'ai fait jusqu'ici, comme un vaillant petit soldat, comme des centaines de milliers d'autres de mes confrères, pour repartir vaillamment à l'assaut de l'échec et de l'ignorance qui menacent nos villes et nos campagnes. 

Je cesse donc là. Et l'essorage. Et tout le reste. Décoté, certes, mais encore assez sain de corps. Et d'esprit, je l'espère. Fin du travailler plus pour gagner plus quelques zeuros bien chèrement payés sur ma santé et mon équilibre mental. 

End of game. Tilt ! Je ne vais plus travailler du tout du tout. Pour vivre mieux. Différemment, dans tous les cas. 

Youpie ! Vous avez dit : youpie ?