30 septembre 2006

Teacher’s song

Tiens aujourd'hui si on s'faisait l'école buissonnière avec une p'tite chanson ?
Si quelqu'un connaît la musique ?.....

1
Moi j’suis qu’instit dans une école de quartier
C’est sûr j’passerai jamais aux actualités
C’qu’y veulent au 20 h c’est des bagnoles qui crament
Pas un p’tit fonctionnaire discret qu’a des états d’âme

REFRAIN

Attention ! Enfants
Attention ! Allez-y douc’ment
Attention ! Fragiles ces mômes là
Même s’ils s’la jouent Godzilla

2
Moi ça m’plaît bien quand y arrivent le lundi matin
P’tits oiseaux tombés du nid les gestes incertains
Moi j’aime bien quand i m’disent au r’voir m’sieur à lundi
Au cas où j’aurais oublié qu’ils comptent sur moi pardi

3
Moi l’p’tit fils d’immigré j’connais l’poids des mots
Quand on m’traitait d’macaroni moins que zéro
C’est pas une revanche juste la République qui rend la monnaie
A ceux qu’ont trimé sans rien dire et qui en secret rêvaient

4
Moi l’dirlo de c’t’école d’un quartier sensible
J’ai pas d’regrets mais faut pas s’tromper d’cible
Pour un qui pète les plombs et qui s’enflamme
Y a des tas qui vont bien qu’ont pas d’états d’âme

5
Pour un qui s’la joue rebelle et siffle la Marseillaise
Combien qui bossent étudient sont partout à l’aise
Pour un dealer qui pourrit à lui seul un quartier
Combien partent dans l'matin blême vont trimer

6
Moi l’instit’ j’ai qu’mon boulot et rien d’plus
Une rentrée tiens comment s’ront les nouveaux v’nus
Jamais baisser les bras mêm’ devant les têtes de bois
A force d’arroser ça s’met à germer qu’est-ce que tu crois !

7
Moi d’vant le tableau j’r’pense à Sofiane sous l’ascenseur
Son maillot d’rugby trop large pour son grand petit cœur
J’r’vois idem Jacky et son p’tit air froissé chafoin
Parti lui aussi, la vie des fois c’t’une vraie putain

8
Moi l’pédago d’base j’en ai vu défiler des tas d’ mômes
C'est sûr ceux d'alors sont maint'nant dev'nus des hommes
Moi l’fonctionnaire par la république chich’ment rétribué
Jour après jour pas baisser les bras et bien fonctionner

9

Nous les hussards d’la République sans illusion et sans blouse
Encore debout dans la tempête mêm’quand les cités ont l’blues
On continue à parler d’futur pas qu’dans la conjugaison
Y croire encore toujours pour chaqu’ problème un’ solution

10
On est des milliers comme ça contre vents et marée
On sait bien qu’si on est là c’est pas pour s’marrer
Mais on doit bien servir à quelqu’ chose bon sang
Mêm’ si parfois on râle quand c’est pas évident






29 septembre 2006

Minutes magiques


Vous ai-je parlé de ces minutes magiques ? Celles qui suivent invariablement la sortie des élèves le vendredi ?
Ces quelques minutes futiles, fugitives et essentielles entre 17h33 et 17h 38.
17h30 : on se retrouve tous dans les escaliers. Certains élèves sont plutôt paisibles. D’autres, beaucoup, comme des chevaux fous, ne peuvent se contenir, trop brimés qu’ils ont été par tout ce que leurs « maîtres » ou « maîtresses » ont exigé d’eux durant toute la semaine.
Ils piaffent, cavalcadent, lancent presque des ruades, hennissent quasiment pour certains.
Lancent un tonitruant « aurevoirmaîtralundi ».
Certains, un peu plus policés, un peu plus attentionnés – il y en a – se risquent à un timide
« Bon week-end » avec même un petit sourire en coin, du genre « vous en aurez bien besoin, peut-être même plus que nous, avec tout ce qu’on vous a fait subir cette semaine »…
Et, à 17h33, tout est soudain si vide et silencieux. Les derniers sont encore dans la pente, au bas de l’école, cartable au dos.
Vous ai-je dit que ce sont peut-être mes minutes préférées ? Pas encore dans la parenthèse bienvenue et salvatrice du week-end et la tête encore emplie de tout ce qu’ils ont dit, fait, demandé, questionné.
Quelques minutes comme un sas. Je ne compte plus pour eux et eux pour moi. Coupure jusqu’au lundi.
Et le manège se remettra à tourner.

27 septembre 2006

Un petit pas puis un autre

Ne pas vouloir aller trop vite avec ces gamins-là. Pas d’impatience.
La qualité première et indispensable dans ce boulot : la patience.
Cool. Super cool.
C’est un peu comme un fruit vert. Laisser la nature et les rayons du soleil faire leur boulot.
Et se dire que, modestement, on est juste un de ces rayons de soleil. Rien de plus. Rien de moins.
Belle image, non ? Et les élèves, eux, du haut de leurs huit ans, qu’en pensent-ils vraiment ?
Que ressentent-ils ? Comment les vivent-ils, ces journées de classe ?
Ce ne sont que des enfants, après tout …
Ce sont des enfants, avant tout.
Et ça, c’est plus important que tout.

25 septembre 2006

Les 7 piliers du socle

Par décret et au Journal Officiel, s’il vous plaît, a été défini tout ce que doit savoir un
Petit Français à l’issue de sa scolarité obligatoire.

Bon, franchement, c’est plutôt pas mal comme idée : que tous les enfants d’un même pays partagent les mêmes repères. 
Intention louable.
Bon, franchement encore, dans les faits, et au quotidien de l’école, c’est beaucoup moins évident. Pas qu’on veut pas essayer. On est même payés pour ça, aussi, non ?

Mais, les petits loupiots, on les a que 6 à 7 heures par jour et 4 jours par semaine. Pas plus.
Quand on y pense, c’est à la fois peu et beaucoup. Peu parce que si on enlève les mercredis, les samedis et dimanches plus les jours fériés et les vacances, il doit rester 185 jours de classe sur une année scolaire.

C’est sûrement suffisant pour leur faire acquérir les compétences de base nécessaires.

Mais alors, on fera ce qu’on pourra et au maximum de ce de ce qu’ils peuvent faire.

Voilà.

21 septembre 2006

Que du vrai

Vu et entendu sur le Grand Journal de Canal Pluche – en clair, of course, chuis pas zabonné :
La minette qui faisait un carton avec ses vidéos plus vraies que vraies sur son blog et ses déconvenues amoureuses était en fait… une comédienne. Tout le monde s’est fait avoir. Les gens sont naïfs. A moins que, avec les images, on arrive toujours, au bout du compte, à se faire avoir. Manip et faux-semblant.
Le contraire du faux-semblant, alors ? Ben … la vie réelle, la vraie. Avec ses soucis, ses emmerdes, ses petites joies et ses difficultés. Pas de quoi affoler l’audimat. Oh dis mate moi la minette, ça, ça marche et ça attire comme le miel les mouches. Et quand je dis miel, je fais soft.
Je vais pas encore vous bassiner avec mon boulot. Bon, c’est vrai, ça me prend la tronche une bonne partie de la semaine. Et si je vous disais que rien qu’aujourd’hui, il s’est passé de ces choses… De quoi alimenter une bonne rubrique de blog.
Mais, je n’en parlerai pas. Pas un mot. Pas le cœur ni le goût à ça. Un peu plus de dix heures de ma vie publique que je vais zapper allègrement. Histoire de faire le vide. Penser à autre chose. Sinon, je vais péter un câble ou autre chose. Je sais pas. Mine de rien, la mécanique humaine, c’est délicat. J’ai l’air costaud comme ça, mais en dedans...
Alors, ce soir, j’ouvre la parenthèse. Histoire de me préserver. C’est long, une année scolaire, très long.
Alors, je mets sur pause.
Pause.

19 septembre 2006

Voilà voilà voilà

Bon … je vais pas faire le malin. Super pédago is burn out. Traduction : j’ai fait ce que j’ai pu aujourd’hui mais ça pas été facile. Doux euphémisme …Entre ce que j’avais prévu et ce qu’ils ont réellement fait, le grand écart.
Bon…c’est mon 2ème « bon » de la soirée et quand on dit ça, psychanalytiquement parlant, ça veut dire que ça ne va pas si bien que ça.
Effectivement. Avec ces gamins-là, j’ai vraiment l’impression d’être Yves Montand dans le Salaire de la Peur. Je pilote un camion de nitroglycérine et gare aux secousses. J’ai beau être un as du volant et slalomer entre les trous, j’arrive pas à tous les éviter. Et boum ça fait boum et mon cœur fait boum à chaque fois.
Tout ça n’est pas très glorieux, j’en conviens. On va se revoir lundi prochain avec le RASED pour le deuxième épisode de la saga : aide aux élèves en difficulté.
Question subsidiaire : qu’est-ce qui est prévu pour les maîtres en difficulté ? un RAMED ?

16 septembre 2006

Dirlo diladado !?!?!?


« Les profs ne veulent pas être directeurs d’école ».

C’est ce que souligne une étude menée par le General Teaching Council for England auprès de 3665 enseignants du primaire et du secondaire. Seuls 4% ( ! ) envisagent de devenir directeur ou trice d’école dans les cinq prochaines années.

Explication parmi d’autres : la fonction enseignante s’étant très fortement féminisée, en France comme en Angleterre d’ailleurs, les femmes estiment que leur vie privée et familiale n’est pas compatible avec un poste de direction qui demande, de plus en plus, un investissement personnel trop important.

Y a donc comme un malaise, chez les Rosbifs comme chez les Froggies.

OK, Robien a fait un effort, que je juge pour ma part petit et nettement insuffisant et que lui estime, ainsi que le Syndicat Enseignant, comme un grand pas en direction des personnels de direction du Primaire.
Mais bon : faut se rendre à l’évidence. Il a fait à l’économie en tapant dans le réservoir de la formation initiale pour aider les directeurs un jour par semaine. Mieux que rien, bien sûr. Sauf que les dirlos à moins de 4 classes ont eu que dalle. Et qu’ils – elles – ont sur les épaules la gestion de toute une école.
Je parle pas de l’incidence – c’est vraiment un incident – financière qui revient à une augmentation de…15 € par mois. Avec ça, tu peux même pas te payer un abonnement de téléphone portable. Si c’est avec ce genre d’arguments qu’on pense attirer des vocations vers la direction… c’est pas la bonne direction.
Mais bon : y a plus de sous dans les caisses de l’Etat, paraît-il – en tout cas pas pour les fonctionnaires.
Je sais : on a la sécurité de l’emploi, les promotions internes par échelon et bien sûr les vacances. Ah les vacances !!!!!!!!!!!!!!
Alors ? Alors, on fait comme on a toujours fait : on fonctionne et on fait fonctionner la machine éducative, puisqu’on est…fonctionnaire. Fonctionnez, y a rien à voir !

Et puis, me direz-vous : quel est l’employé qui reçoit une gentille lettre de son patron au moment de reprendre le collier, dans laquelle on lui écrit « Je sais que cette année encore je pourrai compter sur votre dévouement ( waouh ) , vos efforts ( Gnnin ) et votre sens du service public ( méga waouh ) pour veiller à la réussite ( hip hip hip) de tous
( sans exception ) les élèves ainsi qu’au bon fonctionnement ( de l’huile pas du sable ) de l’administration scolaire. » C’est-y pas beau et encourageant, cette prose- là ?

Et je ne me lasse pas non plus de la formule de politesse finale dans laquelle Gilles de Robien soi-même m’exprime (presque en aparté et dans le creux de mon oreille si sensible ) sa gratitude et la reconnaissance de la Nation ( ah que j’aime ce grand N ) pour le travail que j’accomplis ( ou que je vais sûrement et vaillamment et gentiment et assidûment et quotidiennement accomplir).

Comme le chanteur Raphaël, mais pas pour les mêmes raisons, j’en ai les larmes aux yeux.
Mouchoir ! En papier, certes ...mais mouchoir, tout de même.


* Source : Site, très bien documenté et que je recommande : www.vousnousils.fr



14 septembre 2006

Un parmi d’autres ( e pluribus unum )




Donc c’est vendredi. Il est un peu plus de 17h45. Et tout ce que j’arrive à penser, en rassemblant quelques neurones égarés et ce qu’il me reste d’énergie est :
« Tiens ! La semaine est finie ! »
Comme si le fait d’avoir survécu à cette deuxième semaine pouvait être considéré comme un exploit ! Je ne suis sûrement ni plus ni moins bien loti que tous les instits et profs d’école disséminés ici ou là sur le territoire national – sans oublier nos DOM TOM, pour qui j’ai une pensée émue en ce moment même ; pensez : un petit bout de France si loin de la mère patrie.

Alors voilà : j’ai dû accueillir dans mes locaux – qui sont en fait ceux de la municipalité stéphanoise – les élèves de maternelle et de primaire qui n’ont pas pu prendre le repas de midi dans les locaux de la cantine ( il paraît qu’on dit maintenant « le restaurant scolaire », ooopppsss ! ) Un groupe dans la salle informatique et les autres dans la bibliothèque. Ils ont donc pique-niqué vu que la salle de cantine ressemblait plus à une pataugeoire qu’à une salle à manger et qu’il aurait fallu des bottes, un ciré et un moral solide pour y prendre une collation même légère.
Bon d’accord, il a plu pas mal toute la nuit ; ce qui arrive fréquemment en septembre, d’ailleurs. Mais il y a à tous les coups – foireux – une entreprise d’étanchéité qui a dû merder un max au niveau de la toiture pour transformer celle-ci en passoire à la moindre intempérie.
Je ne jette la pierre à personne : j’ai pour habitude de nettoyer d’abord celles, nombreuses et parfois de taille, qui sont dans mon propre jardin.

Bref. Il a fallu gérer l’urgence et l’impondérable. Une fois de plus. On l’a fait. Les gamins trouvaient ce genre de nouveauté plutôt rigolote. On a donc transformé une petite catastrophe en un moment imprévu,et presque convivial. Les gamins ont bien aimé.

Moi ? j’ai pris ce genre de péripétie avec beaucoup de philosophie et d’humour. Ce qui m’inquiète un peu, c’est que je l’ai pris également avec pas mal de fatalisme.
Serais-je timoré, désabusé, voire cynique ?

L’après-midi, après cet intermède surprenant, j’ai dû gérer de nouveau les 2 ou 3 élèves de ma classe qui, décidément, ne font vraiment rien comme les autres. Et qui, subséquemment, dérangent tous les autres qui n’ont pas forcément besoin de cette gêne-là.
J’ai géré tant bien que mal, avec beaucoup d’énergie, de concentration et pas mal de savoir-faire – sans fausse modestie. J’ai pris beaucoup sur moi. Psychologiquement, ce genre d’exercice sur corde raide permanente, ça vous travaille et ça vous use très vite ce qu’on appelle communément « les nerfs », pour faire court.

Et, à ce point de la réflexion et de réflection, je repense à toutes celles et tous ceux, débutants, qui se retrouvent en cette rentrée devant des classes de zozos de ZEP et qui se demandent bien ce qu’ils sont venus faire et comment ils vont bien pouvoir gérer « tout ça » sur une année scolaire complète.

Je ne suis pas tout à fait débutant mais je me pose le même genre de questions.
Et, franchement, je n’ai pas encore toutes les réponses. Je fais le solide, comme ça en apparence, mais ces quelques gamins me plongent dans le trouble et dans des abîmes de doute avec des questions bien épaisses du genre : est-ce qu’on va arriver à trouver un socle commun ? Est-ce qu’on va s’occuper d’abord des problèmes de comportement avant les contenus, ou l’inverse ou en même temps ? Est-ce que, certains soirs en sortant, je ne vais pas mordre un chien ? Vais-je commencer à me ronger les ongles ? Ou vais-je me teindre enfin les cheveux ?


Bref, tout ça s’agite bien dans ma p’tite troche de pédago aguerri.
Aguerri ? Tu parles !!!! Pas trop guéri avec de forts risques de rechute. Mais, chut, la représentation est déjà commencée…

13 septembre 2006

La violence du fleuve


L’ami Louis de Namur, en Belgique, m’envoie cette belle pensée ( Lanza del Vasto ou Brecht ?) :
« ON PARLE SOUVENT DE LA VIOLENCE DU FLEUVE, MAIS JAMAIS DE CELLE DES RIVES QUI L’ENSERRENT. »
Et l’ami ajoute que « celui qui a écrit cela a raison et tort à la fois. Tort car que serait le fleuve sans ses rives ? Et c’est bien la vigueur du fleuve qui a forgé ses rives, sans quoi il ne serait pas, ne serait plus. C’est bien aussi la rigueur des fleuves qui fait le fleuve en l’enserrant, le canalisant plus ou moins. »
Vous aurez compris qu’il ne s’agit point d’excuser la violence et ses conséquences. Mais bien de la décrire et surtout la comprendre. Analyser n’est pas absoudre !
Et que fait l’école, et qu’est-ce que je fais dans mon école et dans ma classe si ce n’est prendre en compte en même temps la force de tous ces mini-fleuves que sont nos élèves et les contraintes, parfois trop fortes pour eux, qui les enserrent, les brident ? Au point qu’ils emportent tout sur leur passage, y compris eux-mêmes d’ailleurs. Ils s’emportent alors dans leur rage ou leurs colères, sans toujours comprendre ce qu’ils font et ce qui leur arrive.
À nous donc de gérer à la fois le courant du fleuve et la contrainte des rives. Des rives qui enferment, mais qui sont aussi repères. Sans oublier le chemin du fleuve, son parcours, sa direction.
L’école est bien aussi le lieu permanent de cette dialectique : contraindre tout en laissant couler, apaiser sans enlever trop de force au courant vital. Loin du marécage et de ses eaux stagnantes et putrides. Loin des crues dévastatrices qui emportent tout sur leur passage et oublient jusqu’aux rives qui étaient censées les borner et les contenir.
Pour l’instant, en ce début d’année ardu, mes élèves sont plus torrents de montagne à peine sortis de la moraine glaciaire. De les voir ainsi me rappelle de belles images de Vanoise et de superbes randonnées que je fis dans ces contrées superbes. Ce souvenir et cette vision apaisent mon esprit et modèrent mon inquiétude.
La randonnée peut alors commencer.

12 septembre 2006

Co éduquer ?

Réunion de classe avec les parents. 5 sur 13 se sont déplacés. Certes, ça ne fait pas lourd. On se dit que ce n’est déjà pas si mal…On se console comme on peut. Avec mon collègue du lundi, on leur a présenté dans les grandes lignes ce qu’on allait faire cette année et comment on allait s’organiser.
J’ai surtout insisté sur ce bilan hebdomadaire qui leur sera transmis en fin de semaine. Bilan qui leur donnera un aperçu du travail fait par leur enfant et de son comportement. J’ai bien sûr beaucoup insisté sur ce dernier point vu l’état d’agitation des troupes.
On a parlé de co-éducation : le système ne peut fonctionner que si les trois parties – l’élève, l’école et les parents – marchent ensemble et dans le même sens. Ils sont tous bien d’accord sur le principe. Sauf ceux qui ne se sont pas déplacés à la réunion…Mais bon, faut bien des principes et des règles, même pour les absents. On met en place un système, un modus vivendi plutôt, sans lequel rien de constructif ne peut se faire.
Car il s’agit bien de cela : construire et se construire. Pas sur du sable et encore moins dans la tempête. Beaucoup de ces loupiots sont tellement instables que le moindre édifice n’a aucune chance de tenir bien longtemps.
On va donc voir, et tester, si ce fameux « triangle pédagogique » - élève école parents – va tenir le coup à l’épreuve de la vie…et de la classe. Pour sa part, l’institution école n’a pas bien le choix : elle est là pour ça et on doit mettre en œuvre tous les moyens pour que ça marche.
Quant à la réussite pour tous sans exception qui est brandie comme un étendard, c’est autre chose. On va déjà voir comment on peut vivre et travailler ensemble sans que ça soit forcément désagréable pour les uns et pour les autres. Déjà pas si mal. Petits projets à court terme, sur la journée ou sur la semaine pour certains. Un petit pas puis un autre. Chacun à son rythme.
Une chose est sûre, personne ne va s’ennuyer. Peut-être même que certains y trouveront du plaisir. Chiche ?



11 septembre 2006

Sur le carreau

Sur le carreau

Voilà voilà. Après toutes ces années pendant lesquelles nous n’avons eu aucun problème de dégradations, c’est le troisième caillassage sur l’école maternelle. Pas un acte délibéré. C’est encore plus idiot que ça : à tous les coups – sic - des gamins qui traînent dans le quartier tout le week-end, long à mourir pour eux, et qui prennent pour cible, par désoeuvrement et par connerie aussi, les vitres qui ont eu le malheur de leur faire un clin d’œil.
On se voit avec la directrice de la maternelle. On mesure la gravité du truc. Faut faire quelque chose, c’est sûr. On décide en commun d’écrire ce texte et de le distribuer aux parents des deux écoles. Pour ma part, je le donnerai aux CM1 et CM2, de la main à la main, avec une petite explication du pourquoi et du comment.

« A TOUS LES PARENTS DE L’ECOLE MATERNELLE ET DE L’ECOLE PRIMAIRE MONTCHOVET »

« Ce week-end, des pierres ont été lancées contre l’école maternelle. C’est la 3e fois depuis cet été. Cet été, des vitres ont été cassées aussi à l’école primaire.
A cause de ça, les élèves de Petite Section ont été privés d’école aujourd’hui. De plus, comme des panneaux de bois ont été mis à la place des vitres, les petits ne voient plus la lumière du jour quand ils sont dans leur école.
Parents, cette école est l’école du quartier. Elle appartient à tout le monde. Tout le monde en est responsable. C’est un endroit très important pour vos enfants et pour la vie du quartier.
Les enseignants et tout le personnel font le maximum pour que vos enfants apprennent dans de bonnes conditions. Ils ne peuvent accepter de travailler dans un lieu abîmé et vandalisé. C’est INACCEPTABLE aussi bien pour eux que pour les élèves. C’est INACCEPTABLE pour tout le quartier. C’est aussi un problème de sécurité et de dignité.
Il n’est pas normal que de telles choses se soient produites sans que personne n’ait réagi ou ne l’ait signalé. C’est aussi notre devoir et notre responsabilité, en tant que parents ou en tant qu’adultes, de faire le nécessaire pour que de tels actes soient arrêtés et ne se reproduisent plus.

10 septembre 2006

Echec et désarroi

Je parle à quelques collègues de l’interview toute fraîche d’un prof d’école tout frais émoulu – et vite moulu – qui a démissionné, complètement écoeuré, au bout d’un an de galère. Son bouquin s’appelle : « Les désarrois d’un instituteur. » Pas moins.
On peut comprendre aisément certaines des raisons qui l’ont amené à quitter la maison Education. Tout le monde reconnaît que l’IUFM ne forme pas assez les futurs enseignants à affronter – gérer ? – un groupe classe sur le plan relationnel.*
Formation trop théorique, sûrement. Ce que confirme un de nos tout jeune collègue – donc frais émoulu pas moulu – qui est remplaçant – BAZIL dans le jargon.
On peut juste remarquer au passage que les médias, une fois de plus, font leurs choux bien gras des propos de tous ceux qui dénoncent le système et ses travers. « Alors, racontez nous comment c’est nul, l’Education Nationale. Et surtout n’hésitez pas à nous illustrer vos propos avec quelques anecdotes bien croustillantes. »
Bon, OK, tout n’est pas si bien que ça dans le mammouth. Mais il ne fabrique pas que des crétins, n’est-ce pas, M. Brighelli ?
Imaginez une interview normale d’un pédago de base normal qui expliquerait que
« bon c’est pas fastoche tout le temps mais on y arrive. Et les élèves repartent avec un bagage et des connaissances. On leur apprend même à lire ou à compter pour certains. Si si, je vous assure. Ils ne sortent pas tous illettrés ou analphabètes. Pas tous. Et même qu’il y a des pédagos qui y prennent du plaisir et qui démarrent l’année avec entrain – même de banlieue. Un nouveau challenge avec de nouvelles têtes. »

Mais ça, ça va intéresser qui ? Quelle télé ou quelle radio ? Aucune chance de faire grimper l’audience avec ça. Alors que si tu démolis à mort et que tu fais dans le bien saignant…voire l'anecdotique...
Moi, par exemple – au hasard – peu de chance qu’on me tende un micro. J’ai 53 balais, c’est ma énième rentrée et j’aime toujours autant ça. Maso, je dois être.
D’autant plus que je vais avoir des schtroumpfs pas évidents évidents du tout à gérer, je le sais déjà ; ça sert aussi à ça, les réunions de cycles, dans lesquelles on ne parle pas que de vélo mais aussi des élèves et de leur parcours et des difficultés de certains ; dont les miens ont fait partie.
Mais bon, ça fait un challenge de plus. Une chose est sûre : je vais pas m’ennuyer. Mais comment peut-on s'ennuyer, d'ailleurs, dans ce boulot ?

* 75 % des enseignants jugent "insuffisante" voire " très insuffisante" leur formation en IUFM d'après une enquête de la DEP ( Direction de l'Evaluation et de la Prospective).
Entre autres, ces enseignants demandent " des réponses sur la gestion du quotidien ainsi qu'une praxis efficace et mobilisable immédiatement " ( c'est à dire des recettes simples et efficaces, au moins au début )

09 septembre 2006

Ombre et lumière

Deux matins où ça s’est plutôt bien passé. Il faut dire que j’avais bien bétonné avec des exercices, des fiches, des tests. Tout un attirail minutieusement préparé sans aucun temps mort. Ça a marché. Avec ces gamins-là, c’est dingue : tant qu’ils sont dans le faire, sous la pression, ça marche. Tant qu’ils pédalent, le nez dans le guidon, ça roule.
À condition d’être là, devant eux, à côté d’eux, derrière eux. Pour eux. Les stimuler, les encourager, les soutenir. Les pousser dans les côtes. Leur donner des conseils. Sans cesse. Les freiner dans les descentes, qu’ils dévaleraient bien à fond, au risque de tout péter. Et puis corriger, remédier, relancer, expliquer, reprendre, re-expliquer, reformuler. Et de la patience, de la patience, et encore de la patience.
Et puis, surtout, animer, bouger, se démener. Être en représentation non stop. The show must go on. 8h30 à 10h00. Puis court entr'acte de la récré. Deuxième acte jusqu’à 11h30. Court repas, sur place. Boulot de dirlo oblige. Récupération en calories ; et mentale. Plus ou moins. Troisième acte de 13H30 à 15H00. Bien plus chaud l’après-midi. Petit entr’acte, tout de même. Quatrième acte, le plus physique, à tous points de vue, jusqu’à 16h30.
Le rideau se baisse. Pas d’applaudissements. N’est-ce pas, Gad ? Juste le grand silence. D’un coup. Qui te tombe dessus. Le spectacle est fini. J’ai été comment ? Moyen ? Bon ? Mauvais ?
Et eux ? Ils ont bien joué tous les rôles que j’avais prévus ? Moyens ? Bons ? Mauvais pour certains ? Ah bon.
Le plus dur, dans ce genre de spectacle, c’est que tu es à la fois le scénariste, le comédien et le metteur en scène. Et, comme au théâtre, on ne te pardonne rien.
Vraiment rien. Pas droit à plusieurs prises. Et pas de trucages, surtout.
Eh, mec, la péda, c’est pas du cinéma !!!

08 septembre 2006

Un son qui cloche

Mais pourquoi ça a cloché ? J’avais tout bien préparé. Ça aurait dû marcher. Ça n’a pas.
Groooosssses tensions jeudi après-midi. Temps lourd et orageux. Orage, un vrai, qui éclate d’ailleurs en début d’après-midi après cette forte voire étouffante chaleur de la semaine.
Orageux dans la classe idem : noirs nuages d’instabilité et d’excitation incontrôlée… et incontrôlable. Fous rires, cris divers. Et le reste à l’avenant, mon Fernand.
Plus une classe. Un poulailler. Une mini jungle. Un zoo ? Un vaisseau pris de folie où tout tangue, tout roule, y compris le capitaine. Pourtant aguerri, lui qui se croyait vieux loup
de mer qui en a essuyées, des tempêtes. Mais va essuyer celle-là …
Fin de navigation et d’après-midi, donc, dans un inconfort total, secoués ballottés de toutes parts.
Nouveau coup de tabac le vendredi après-midi. Mais après 15h . Moins violent et surtout moins long. J’aurais dû faire ce que j’avais prévu : du sport ou des jeux. J’ai voulu tenter, trop consciencieux et nettement téméraire, l’échange d’albums et la lecture offerte. Un bide total. Erreur de débutant. Ou excès de confiance. Bien fait pour moi. Plus, cerise sur le crumble, un élève, déjà naturellement très perturbé – un euphémisme – qui pète un câble total à 16h10 avec crise aigüe à se rouler par terre et à hurler. J’ai géré tant bien que mal. Plutôt mal que bien. S’est calmé à peu près au bout d’un quart d’heure. C’est long, un quart d’heure, avec toute la classe qui est là.
Parents de l’agité joints par téléphone dès la fin de la classe. Leur expliquer. Prendre rendez-vous avec eux pour une entrevue urgente dès ce lundi. Sont d’accord pour venir.
Le soir même, mes parents à moi, toujours alertes à 80 ans : « Alors, cette rentrée ? Bien passée ? »
Comment, mais comment leur expliquer, avec des mots simples, le contexte, la classe, le quartier, les gamins ? Au risque de les inquiéter, les déstabiliser. Leur avouer, l’air sinistre : »Depuis le temps que je fais ce boulot, c’est la pire rentrée que j’ai faite » ???
Faire cas de rien, comme on dit de par chez nous. « La rentrée ? Oh, vous savez, depuis le temps que je fais ça, c’est la routine ! »

07 septembre 2006

KO après le chaos


Il est 16h45. Je suis assis, là. KO. Donc, bien assis. Ils m’ont littéralement vidé. Ils : ce sont bien sûr les 12 zèbres qui m’ont été confiés cette année.

Le matin, on a pu avancer, cahin-caha. Poésie, grammaire puis manip de dizaines en maths. Pas toujours évident mais dans l’ensemble, et à l’aide de toute mon expérience, on y est arrivé…
Cet après-midi, ce fut… un cauchemar éveillé. Quoi que je fasse ou que j’essaie de faire, au fur et à mesure que l’après-midi avançait, ils ont sombré dans le n’importe quoi. On n’a donc pratiquement rien fait de très concret cet A.M. !
Je n’ai pas élevé la voix. Pourtant, il y avait matière à ! Je n’ai puni personne. C’est ce que certains attendaient, d’ailleurs. Pourquoi tu punis pas ceux qui font n’importe quoi ? J’ai mesuré les dégâts avec eux. On a reparlé des règles de vie, bien sûr. On a essayé de faire en sorte que ce soit le moins désagréable moins possible et qu’on tire, au moins, quelque chose de ce magma informe et étrange qu’était la « classe » cet après-midi. Les guillemets sont bien là pour montrer qu’il s’agissait plutôt d’un groupe, plus ou moins éclaté, disparate, désordonné mais pas une « classe » dans le sens où on l’entend habituellement.
On a eu une vraie accalmie à… 16h00. Avant, ce fut lent, difficile, houleux, tempêtueux. Dur à vivre autant pour eux que pour moi. Mais il fallait aller au bour de leur démesure, de leur instabilité. Pour en parler après.
On a réussi à faire un premier point à 16h00, donc. Ils ont pu enfin s’écouter et m’écouter. Ce furent quelques minutes fugitives et passagères, très fragiles. Mais bien là.
A 16h20 – il était temps – j’ai pu leur lire un album. Qu’ils ont enfin écouté, regardé et apprécié.
Ils sont partis à 16h30, sans s’apostropher ni se bousculer. Plusieurs m’ont lancé en partant : « A demain, maître ! »
Je ne sais si c’est cet « à demain » qui m’a achevé ou cet après-midi d’enfer qu’on a passé ensemble. Et qui me fait m’asseoir aussi vide qu’un sac en papier.

05 septembre 2006

Si la bique

Notre cher ministre a encore frappé sur les antennes radio. Il repique au truc avec une très forte insistance : d’abord les lettres, puis les syllabes et enfin les mots pour apprendre à lire. Combinatoire et syllabique. Rien d’autre.
Si c’est le ministre de l’Education soi-même qui le dit…tout est dit. Y a plus qu’à obtempérer ; et syllabiquer.
Va resurgir l’éternel débat sur les méthodes de lecture. Le sens ou le son ? Le sens d’abord et le son après ? Ou le son synchro. Méthode manuelle ou manuel de lecture ? Va te faire fiche. Mais quelles fiches ?
Pas difficile, pourtant : P et A ça fait PA. Ah bon, ça fait pas ? Mais non. Mais si.
Ah ? ça fait SI, alors ? Mais non ! Et T et I, ça fait bien TI, alors ? Bravo, tu as compris . Eh, attention ! dans ATTENTION, pourquoi ça fait pas TI ? Mouais, attends, je vais t’expliquer, c’est pas si simple, la combinatoire. Ça se combine pas toujours comme on voudrait. Voilà, des fois ça fait TI des fois ça fait SI.
Faut voir. Faut entendre aussi. Alors, il faut bien voir pour bien s’entendre et se comprendre ? C’est à peu près ça. Après, c’est du cas par cas. Ah bon, avec le K ça marche aussi ? Et avec le chat ? CH et A, rassure moi, ça fait bien CHA.
Oui oui, ch’est cha ! Ouf, j’ai eu peur pour cette pauvre bête. CH et O, on boit le CHOCOLAT. Là, ça va. Et si on le boit CHAUD ? Pourquoi y a un A et puis un U ?
Ca fait CHAHUT, alors, dis-moi. Et si on s’y met tous en CHŒUR, on n’entend plus le CH, alors. Silence, taisez-vous, bandes d’ignames…euh, d’ignares. Je sais plus ce que je raconte, moi. Bon : z’avez qu’à lire la lire la circulaire. Circulez, y a rien à voir. Juste à appliquer les instructions. Officielles.

Ouf ! On respire. Parce que là, pour le coup, c’est clair, les programmes : très précis, rédigés pour chaque cycle et chaque matière.
Le même ministre le martèle même sur les mêmes antennes radio : il y a les programmes, il faut les appliquer. Re ouf ! Comme si on avait fait autre chose toutes ces années. Comme si les auteurs et éditeurs de manuels, trop restés au soleil des vacances, allaient proposer d’étudier le krach de 1929 au CE1 ou l’extraction des racines carrées en cycle 3.
Mais bon : question déclarations inopinées et/ou interpellations de ministres, on est vaccinés à l’Education Nationale. On a eu notre lot de grandes intentions louables, de petites phrases assassines, de déclarations grandchamboulesques, d’on va voir ce qu’on va voir, et les reste à l’avenant.
Leur en vouloir, à nos éminentes éminences ? Chacun son job. Nous au banc des rameurs, touuuuuut en bas. Tacherons tachant de s’attacher à faire avancer le navire. Et y a pas que des galères dans l’immense océan éducationnel. Y a vraiment de tout comme embarcations. Idem pour les équipages. Et y a des croisières, des navigations hauturières, du grand large, des rugissants et des hurlants, des pacifiques et des plus agités. Y a vraiment de tout. Y a aussi des hourras et des ouille ouille ouille, des souquez ferme et des jetez l’encre ; des faut écoper et des étarquez sec ; des pots au noir et des encalminages, des force 8 et de petites brises sympas. Y a vraiment vraiment de tout.
Pas leur en vouloir, donc. Eux derrière un micro tendu fébrile ou une caméra bien attentionnée, déclinant LEUR vision essentielle, LA LEUR toute personnelle et rien qu’à eux, de la « Mission d’Education. » Si on tend bien l’oreille, on peut même entendre le M et le E majuscules. Même si, parfois, mais pas toujours il est vrai, les moyens sont minuscules…par rapport à la Mission, justement, à mener à bien. Avec obligation pour toutes et pour tous de réussir. Banni le mot échec. Rayé. Puni cagibi au piquet. Vous me direz : tant mieux. Réussite pour tous à tous les étages du système. Interdit d’échouer, j’ai dit, strictement impensable. On s’en porte garant. Auprès des parents. Le beau serment. Le beau credo. Un sacré cadeau. Un devoir sacré. Noble et généreux. L’annoncer, ça en jette.
Oh les équipages, les armateurs, les capitaines et tout le toutim, va falloir assurer ! La croisière ne s’amuse plus. Ordres de l’amiral en chef. On va tout fait tout Robien, tout bien tout net. On était Allègre – sans plus – puis on a pris le Ferry – drôle de traversée. On a pratiqué le Lang de bois. On est habitués. Amarinés, on dit en beau langage nautique.
Allez ; hisse et haut ! Nouvelle rentrée, traversée nouvelle. On va essayer. Comme on a fait avant, remarquez. J’avais pas eu la sensation de baguenauder toutes ces années. Pas mal de coups de rame, de voiles hissées, de miles nautiques accumulés et de maillots mouillés.
Bon vent !

04 septembre 2006

Top départ


La vraie rentrée pour tous : écoles, collèges et lycées. Plus de 12 millions d’élèves dont plus de la moitié pour les seules écoles maternelles et primaires.
Ca fait tout de même 56 158 écoles. Dont la nôtre, petit école de quartier avec ses 5 classes, ses deux CLIS et ses 90 élèves. Petit îlot dans l’immensité de l’archipel.
Le ministre, le nôtre, Gilles de Robien, parle à la radio, argumente, débat. Ce qu’il dit tient plutôt bien la route.
Reste à l’appliquer en musique. Sébastien, mon remplaçant du lundi, a pu mesurer aujourd’hui même la difficulté de ce qui l’attend, de ce qui nous attend. Un faible effectif, certes, mais sur les 12 élèves, il a pu constater, de visu, et de très visu même, que seulement 3 élèves devraient mériter l’appellation « d’élève ». Les 9 autres ont de tels troubles et problèmes, à des degrés divers, qu’il a dû interrompre plusieurs fois les leçons pour rétablir un semblant de calme.
Je l’avais prévenu et je m’y attendais plus ou moins. Lui est sidéré, au sens fort du mot. Nous passons une bonne heure après la classe dans une intense séance de « débriefing » au cours de laquelle nous faisons le tour de ce qui n’a pas fonctionné. Je lui explique ce que je vais faire pendant les trois jours où j’aurai la classe.
Malgré toute mon expérience, je n’en mène pas trop large : je sais, par expérience justement, qu’il va me falloir utiliser tout ce que j’ai appris au cours de toutes ces années pour qu’on arrive ensemble à faire quelque chose qui ressemble à une classe. On va tout de même passer 10 mois ensemble. Une telle durée, à raison de 7 heures journalières, ce n’est pas rien. Pour que tous acquièrent ce fameux « socle commun » sans lequel rien ne peut vraiment se construire, il va falloir des kilos de patience et d’attention, des quintaux d’obstination et de persévérance, et surtout des tonnes d’observation et d’analyse. Le tout en étant ferme mais pas rigide, souple mais pas laxiste, autoritaire mais pas dictateur, sérieux mais pas rébarbatif ; avec parfois un peu d’humour, mais à petites doses et au bon moment ; avec suffisamment de recul pour ne pas trop se prendre la tête mais tout en restant impliqué devant l’importance de la tâche et des enjeux.
Un challenge, un pari. Comme à toutes les rentrées, d’ailleurs. Cette année-là, ça risque d’être
« un peu plus chaud ». A la fois passionnant et un peu effrayant. C’est parti !!!!!!!

01 septembre 2006

Brou ha ha.



Aujourd’hui, on a manipulé la langue française. On a commencé à aborder les notions de singulier et de pluriel. Avec de petites étiquettes à découper, à classer. Avec des bulles et des flèches, aussi. La grammaire, c’est de la mécanique : il faut démonter, bricoler, remonter, voir comment ça fait, recommencer. Apparemment, ça a bien plu, ils ont tous bien marché.
Cette façon de prendre la langue, de la décortiquer, met tout de suite les gamins en activité. Très « kynésique » tout ça, comme disent les spécialistes. Après tout, le français n’est pas encore une langue morte. Autant la faire bouger un max, non ?
Idem pour les maths. On s’est coltiné avec des dizaines. Tout cela dégageait un joyeux et sympathique brouhaha. Il y a du rire dans ce mot là. De la joie et du plaisir. Pas le genre charivari ou tohu-bohu. Plutôt ce doux ronron que j’aime bien de ruche qui bourdonne. Quel miel feront-ils de tout ceci ?
Cet après-midi, on est entré direct dans l’activité sciences en sacrifiant des melons et des pommes.Certes, on eu des pépins, mais sans gravité. On les a même mis dans des pots avec du coton humide. On a commencé à dessiner nos observations et nos expérimentations dans un cahier d’expériences. Là encore, tous ont bien participé. Ca m’a rappelé les fameuses « leçons de choses » que ja faisais, alors élève, dans les années soixante…au siècle dernier. Des points communs, bien sûr, mais en nettement plus actif et expérimental.
J’espère être à la hauteur de leurs envies et de leur « insatiable curiosité ».
Quant au contenu scientifique, il sera… ce qu’il sera. Après tout, la démarche est bien aussi essentielle, sinon plus, que le résultat qu’on cherche ! Non ?
Et puis, un chercheur est-il encore un chercheur lorsqu’il a enfin trouvé ? On va donc essayer, découper, bricoler, bidouiller, tordre, démonter, remonter, découper, triturer, transvaser, verser, coller, visser, ajuster, cueillir, planter, creuser, scier, clouer. La liste des verbes d’action est non close.
Une chose est sûre : on n e va pas s’ennuyer.