22 mars 2009

( SE ) DEFILER


Je défile. Tu défiles. Il ou elle défile. On défile sans se défiler. On conjugue nos efforts. Pour un résultat proche de zéro. Sur la copie du jour : efforts méritoires mais peut mieux faire. 

Le soir, après l'épreuve, passée et réussie, on retrouve le président du jury au journal de 20h sur TF1 " Il y avait du monde, effectivement." reconnaît-il. " Mais on ne changera rien à ce qu'on a dit. Ce sera donc 2,6 milliards pour la relance, comme annoncé, qui vont faire effet incessamment sous peu. Certes, je comprends les inquiétudes et les angoisses des Français face à cette crise, mondiale je dois le préciser. Mais ailleurs, c'est pire..."

Que dire ? Que répondre ? Que faire ? That's the question. The BIG question. 

Que dire ? Mr Fillon fait semblant d'ignorer sciemment et résolument que ce n'est pas tant contre la crise que les Français défilent - ils ne sont pas si idiots que cela - que contre les mesures dérisoires et très peu efficaces qui sont proposées. 

Que répondre ? Que les manifestants étaient bien solidaires. Par millions, même. Pour demander surtout l'arrêt de la casse des services publics. Et pour une autre politique tout court. Mais là, avec ce gouvernement qui a été mis en place - démocratiquement et à une large majorité - faire autrement " ça va pas être possible". Et ce n'est pas ce qui a été prévu. 

Que faire ? Là, effectivement, on est à un tournant du mouvement de contestation commencé à l'automne 2008. On sent bien bien qu'il y a une colère réelle, doublée d'une angoisse profonde créée et amplifiée par la crise ; avec, en prime, une vraie impopularité  du chef de l'Etat lui-même. Personne n'est crédible, y compris au plus haut niveau. D'où un désarroi qui peut mener à certaines extrémités... Car, vers qui et vers quoi se tourner quand tout va mal et que plus personne n'a de réponse immédiate et navigue à vue, comme c'est le cas actuellement ? 

La bombe est prête, donc. Elle peut exploser. Ou faire long feu. Les syndicats semblent redouter la radicalisation ou le débordement par les ailes extrêmes... ou alternatives,  s'ils s'avèrent inefficaces ou incapables de relayer et canaliser toutes ces rancoeurs et désespérances accumulées. Après tout, ils ne représentent qu'à peine 20 % des salariés de ce pays. C'est peu pour se lancer dans quelque chose de plus conséquent. 

Il n'y a pas, non plus, une vraie force légitime d'opposition. C'est un euphémisme. Il y a pour l'instant plus d'épines que de pétales dans le parti à la rose. Et pas grand chose à proposer. A part des fest noz, plus ou moins bien remplis, au Zénith. Et deux drôles de dames à la mission incertaine. Et qui ne se lancent pas des fleurs. 

Une fois dit tout ça, me direz-vous, on n'est pas plus avancés. Effectivement. Un " rien" suffirait à tout faire basculer. Mais d'où va venir ce "rien" indéfinissable ? Le "rien", par essence, n'existe pas et peut donc venir de nulle part. Ou ne pas venir du tout. Lancer une grève générale ou faire la révolution, comme certains le clament, ce n'est pas " rien". Et ça ne se décrète pas tout à trac, de but en blanc. 

Alors, volcan empli de magma souterrain, cocotte minute sous pression ou bombe à mèche courte prête à péter à tout moment ? Va savoir... 

Nicolas a l'air toujours aussi bravache. Même qu'il aurait " la banane", qu'il dit dans son langage académique bien à lui. Faute d'avoir la pêche. Lui qui avait prédit une belle récolte, si on travaillait plus, à pleins paniers, des fruits de la croissance. Maigre récolte. La faute à la con... joncture. Internationale, comme il se doit. D'où le doigt dans l'oeil. Ailleurs, on n'ose même pas y penser. 

Pas de fruits cette année, donc. Juste les pépins. On nous prenait pour des pommes, déjà. On était, sans le savoir,  les poires du système bancaire. Et on s'est bien fait bananer. Salade de fruits jolie jolie... 

Y aura-t-il les raisins de la colère ? 




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