09 février 2009

Dans quel Etat j'erre ???


J'ai pas que des amis à gauche. J'ai AUSSI des amis de gauche. Et des amis de droite : on me reproche assez ce coupable penchant. Nobody is perfect. Et surtout pas moi. 

Bref. 

Et ces derniers, donc, me disent : vous, les pédagos, vous êtes toujours contre tout et vous ne voulez qu'une chose, c'est encore et toujours plus de fonctionnaires. 

Pour la première remarque, ils sont très mal renseignés. On a plein d'idées pour que l'école marche mieux et soit plus efficace, surtout pour les élèves le plus en difficulté. Sauf que, on est désolés pour ça, mais, inévitablement, ça demande de réels moyens. Et là, pouf, le gros mot, qui fâche tous les régimes libéraux, est lâché : des moyens. 

Parce que, quand on parle de soutien et d'élèves en difficulté, se cachent sous ce vocable des tas de situations différentes et variées. Et que, pour chaque cas, il faut faire de la dentelle  fine, très fine même, cousue main, au cas par cas. On touche à du social, du sociologique, du psychique, du cognitif. Bref, de l'humain et donc délicat, fragile. C'est long, souvent ;  sensible, toujours ; efficace ? des fois, ça se voit pas dans l'immédiat. Quant à évaluer tout ça....il faut moult précautions. Ceux qui sont là dedans comprennent pourquoi. 

En fait, il n'y a pas de solutions-miracle - avec ou sans s.  Les " faut qu'on " et les " y a qu'à " ne sont pas du tout les bienvenus. Ou alors, qui zy viennent, sur le vrai terrain du quotidien. Mais là, on les attend toujours, n'est-ce pas ?  

Car, pour ça, pour ce boulot de dentelle, il faut du personnels formé, compétent. Et du temps. Vous l'aurez compris : même si ce n'est pas négligeable - il ne faut rien rejeter quand on parle d'aider ceux qui ne vont pas bien - ce ne sont pas 2 heures de soutien par semaine qui vont régler le problème de fond. 

Ce genre d'annonce, ça fait bien dans les médias ou dans un débat tronqué : " Voyez ce qu'on fait pour les élèves en difficulté, NOUS ! " 

Certes, les effets seront visibles,  pour quelques uns. Mais pour les " cas lourds ", il faut alors pour le coup de vrais moyens : des RASED, des médecins scolaires, des psys, des rééducateurs, etc... car avec ces gamins-là, on est au coeur du problème : comment faire réussir ceux  pour qui les méthodes classiques ont échoué ? Car, bien évidemment, si ce qu'on fait d'habitude dans les classes avait marché pour eux, ils n'en seraient pas là. CQFD. 

Donc, il faut essayer " autre chose" : ce n'est pas en rajoutant une nouvelle couche qu'on va les aider. C'est d'autres approches, d'autres méthodes, d'autres interlocuteurs dont ils ont besoin, ces largués du système éducatif. 

Il faut le dire aussi : l'Ecole française va plutôt bien et a dans l'ensemble de bons résultats. Ce n'est pas moi qui l'affirme, mais la dernière conclusion de l'INSEE, Institut neutre par excellence : en 30 ans, le nombre des sans diplômes est passé de 34 % à 12 % pour les hommes et de 41 % à 11 % pour les femmes. Le nombre de bacheliers a doublé et le celui des diplômés supérieurs a triplé. 

Il reste encore 130 000 personnes qui quittent le système scolaire sans qualification. C'est encore trop. 

Mais c'est justement pour tous ceux là qu'il faut mettre en place des moyens adéquats. Et surtout pas réduire la voilure comme on veut nous l'imposer. 

Des petits malins ultra-libéraux ou même libéraux tout court se mettent alors à hurler : il faut moins de fonctionnaires donc moins d'Etat !!!!! Credo connu. Poilodo. 

OK. Taillons donc dans les dépenses. Supprimons des postes partout : ce qui se fait actuellement. Ne remplaçons pas un fonctionnaire sur deux : très bien, on le fait également. On va alléger le mammouth. Régime sec. Bravo !!! 

Mais après, il faudra pas venir râler si on a du mal à aider les élèves en difficulté. Si on fait moins d'activités culturelles et moins de sport à l'école ( et c'est ce qui est en train de se produire, hélas ).

Si l'Hôpital ou la Justice marchent moins bien, il faudra rien dire. Si les trains dysfonctionnent ou si les routes sont moins bien dégagées en hiver... faudra fermer sa g... et s'organiser en conséquence. 

On a vu, par exemple, qu'un vrai service public, ça peut être utile et efficace en cas de grosse tempête. Allez demander à la Louisiane ce qu'ils ont pensé de l'ouragan Katrina et de l'efficacité de l'Etat américain : une honte et un désastre. 

Bien sûr, tout ça, c'est cher et ça coûte. Mais il y a alors deux logiques, deux systèmes, deux projets de société complètement différents. 

Premier système : moins d'Etat donc plus de privé. Inévitablement. Conclusion : si t'as les moyens financiers, tu te paies tout ce dont  tu as besoin. L'addition est salée mais tu ne regardes pas le prix ni la quantité du sel quand il s'agit de l'éducation  de tes propres enfants, de ta santé, de ta sécurité, de ta vieillesse, etc... Tu as ou l'opportunité ou la chance de pouvoir te payer tout ça. Tant mieux. Tu es du "bon" côté. De ton point de vue, bien évidemment. 

Deuxième système : plus d'Etat et des services publics bien présents ; et qui fonctionnent vraiment pour la satisfaction de TOUS, aisés et moins aisés. Mais là, il y a un hic : il faut bien que quelqu'un paie tout ça. Le discours libéral, celui qui a cours actuellement, vu qu'il a eu le pouvoir, à 53,06 % même, c'est : on allège les impôts directs et les taxes. Paquet fiscal et autres prébendes. Rigolo, d'ailleurs : plus tu investis et plus t'as moins à payer. L'Etat te rembourse d'un côté ce qu'il ta pris de l'autre. Plus t'es riche et plus tu t'enrichis. Merveilleux. 

Revers de la monnaie - si j'ose dire : moins de moyens financiers pour le même Etat. Qui est donc obligé de tailler dans les dépenses publiques pour s'en sortir. 

Le vrai courage politique, ce serait d'augmenter les impôts, de faire participer TOUS LES CITOYENS à l'effort national en mettant au pot. Et de se donner de vrais moyens financiers pour financer des services publics efficaces. 

Mais bon, le mec qui propose ça, il est pas encore né. Vous voyez ça d'ici : " Votez pour moi ! Je vous promets d'augmenter vos impôts et vos taxes ! ". 

Juste une remarque : on parle toujours des pays scandinaves comme quoi ce sont les plus avancés socialement. Certes. Ce qu'on oublie de dire, c'est que ce sont effectivement les pays où les prélèvements de l'Etat sont les plus élevés. 

L'équation est donc la suivante : Moins d'impôts = moins de moyens pour l'Etat = moins de services publics. Vous remarquerez au passage qu'on a transféré des charges de l'Etat sur les collectivités territoriales. Qui, pour le coup, ont augmenté proportionnellement leurs prélèvements. Il faut bien trouver le pognon quelque part. 

Je sais : tout ça paraît simpliste et facile. Mais, au bout du compte et des comptes, on a le résultat qu'on a aujourd'hui : l'Etat se désengage et sous-traite au privé. Qui, lui, et on le conçoit, propose ses services, mais moyennant finance. Et on n'en est qu'au début...

On est donc très loin des grands idéaux républicains : solidarité, égalité et ...fraternité. 

Je propose donc qu'on supprime des frontons des bâtiments d'Etat les mots "égalité " et " fraternité ". Qui ne sont plus de mise. Ringards et dépassés. 

Pour garder le seul mot " Liberté". Liberté d'être moins soigné, moins éduqué, moins secouru, bien moins défendu. Liberté du chacun pour soi, sauve qui peut et moi d'abord et ma famille aussi. 

Et ça donnera donc :

 " Liberté. Liberté. Liberté."

Youpie !!!


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