28 octobre 2006

Exagérément optimiste


Dans ce genre de boulot, et de surcroît là où je suis, il faut être exagérément optimiste. C’est ce que dit aussi Toni Morrrison, la romancière américaine dernière prix Nobel de littérature.
Loin de là l’idée, même minime, de me comparer à elle.
Elle a raison. Et comme elle est prix Nobel, ce quelle dit doit être pris en compte.

Optimiste, qu’est-ce que ça veut dire ? Et pourquoi faudrait-il l’être ? Et exagérément, en plus !

Parce que d’abord, t’as pas le choix. Ou tu y crois ou tu te tires en courant. Je suis resté, et tous les collègues aussi. C’est donc qu’on pense qu’il est possible de faire quelque chose et que ce que l’on fait sert à quelque chose. A moins que notre raison ne se soit altérée au fil du temps et des épreuves. C’est aussi une hypothèse recevable.

Vous aurez compris que je préfère et choisis le premier terme de l’alternative.

Deuzio parce qu’en termes d’éducation et d’instruction, il faut toujours croire au meilleur pour que le bon survienne. Si tu pars désabusé, battu d’avance, autant t’asseoir par terre ou choisir un autre job.

Tu sèmes de petites graines de salades. Et, même si tu n’as pas trop la main verte, il y a de grandes chances pour que ça sorte et que ça grandisse. Si tu arroses tant soit peu, tu pourras même en mettre dans ton saladier.

Avec les gamins, c’est pas tout à fait pareil. Tu laboures, plus ou moins profond, tu sèmes et des fois la récolte est bien maigre. Ou il n’y a pas de récolte du tout. Tout au moins, dans l’immédiat. Tu peux même re-semer.

En fait, t’es pas spécialement là pour voir tout de suite les fruits ou la récolte. T’es juste ensemenceur.

Dans tous les cas, il faut une conviction en acier trempé. Et même plus si possible. Il faut croire que tout est possible, même chez le plus mauvais. Avec des grands mots, principe d’éducabilité, ça s’appelle.

Et ne tordez pas le nez. Ne haussez pas des sourcils dubitatifs ou des épaules dédaigneuses.
Comment donner l’envie, le désir si tu ne l’as pas toi-même ? Bien sûr, après, il y a la technique, le savoir- faire. Ce qu’on appelle la pédagogie. Mais sans cette envie - cette foi, allais-je – tout ça risque d’être justement trop technique, un peu désincarné. Pas très humain. Certes perfectible, parfois bricolé, pas toujours au top. Mais très efficace.

Après, il y a des débats sur l’emploi de telle ou telle méthode. Débats techniques, pugilats à coups de mots, injonctions et noms d’oiseaux, parfois. Ridicule, souvent. Néfaste, toujours. Mais ce n’est pas le plus important. L’essentiel, c’est d’y croire et de donner l’envie.

L’optimisme à tout crin. Parions sur ce cheval là. Même avec un lourd handicap, il franchira les haies et la ligne d’arrivée.

Peut-être en vainqueur. Qui sait ?

Aucun commentaire: