16 octobre 2006

La lecture, ça rend baba


« B et A, ça fait BA et quand on le dit deux fois, ça fait BABA . »

Devant une telle citation, on peut rester baba. C’est pourtant un ministre qui a dit ça. Et pas n’importe lequel : le ministre de l’Education Nationale. Donc, mon patron.

Je reste donc soit confondu devant tant d’à propos soit consterné devant tant d’inanité.
Comme il s’agit de mon patron, j’opte pour la première solution. Je comprends bien ce qu’il a voulu expliquer, le boss : il faut revenir à des choses simples. Quitte à faire simpliste.
Sauf que, avec tout l’immense respect que je lui dois, la lecture, c’est pas si simple que ça. Et que la langue française, c’est complexe. Même à six ans, au C.P., ça ne s’enseigne pas si facilement.
S’il suffisait juste de faire des accrochages aussi fastoches …T et I, ça fait TI, bien évidemment, n’est-ce pas, mon PETIT ? Mais il faut faire bien ATTENTION, comme dans ce mot, justement.
Il y a aussi le mot, et puis le texte et le contexte. On sait tous ça. Même si on n’est pas tous ministres. Et on peut rester baba sans être forcément au rhum. Et tous les chemins de lecture ou d’écriture ne mènent pas au RHUM. Surtout que si tu ajoutes un E, ça change tout, prononciation et sens. Sortez vos mouchoirs ! Sans compter que si on est petit ou musulman ou contre l’alcool, tout simplement, on ne connaîtra jamais tout le goût, les fragrances et les subtilités de ce mot-là.

Mauvaise démonstration, donc. Et mauvais procès. Faux débat, dans tous les cas. Perte de temps, d’énergie, de sens. S’en tenir aux programmes, à ce qui a été élaboré, défini, approuvé par une commission prévue pour. Les I.O., ça s’appelle. Officielles, ces Instructions-là. Pas de contestation possible : on est tous payés pour les appliquer, les mettre en musique. Ce qu’on a toujours fait, d’ailleurs.

Alors, le B-A BA, écran de fumée ? Sûrement, aussi. Pas là le débat. Pas là du tout.
Rester cool, sans être baba-cool. Pas s’énerver. Moi qui vous cause, j’en ai connu quelques uns, de ministres…qui sont passés. Et pour certains, aux oubliettes.

C’est peut-être là, le nœud du problème : ils veulent laisser leur marque dans la postérité ; être LE ministre qui… Et c’est pas facile, comme exercice. Surtout devant micros ou caméras. Mais c’est le jeu des médias, surtout en ce moment : pousser à la faute, à la recherche de la petite phrase qui sera reprise partout. A ce petit jeu, certains ou certaines sont meilleures que d’autres.

Qui va distribuer les bons ou mauvais points ?

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