15 octobre 2006

Quelle égalité ?


Vous avez remarqué, c’est le refrain à la mode, presque une antienne – prononcez ça comme vous voulez : L’EGALITE DES CHANCES.

Belles intentions. Ça reprend même une des devises de la République. Et on prend même soin de rajouter, comme si ça suffisait pas : POUR TOUS.

On vit dans un beau pays, tout de même. Figurez vous que j’ai même rencontré et serré la main du personnage – il existe pour de vrai, il respire, boit et mange comme vous et moi, ce n’est pas un concept, une idée, non non – j’ai donc parlé pour de bon à celui qui est à la tête du
« ministère de l’égalité des chances. »

Faut pas rigoler avec ça. Je vais pas, d’ailleurs. D’abord, je le trouve plutôt sympathique, Azouz Begag. Azouz, comme tout le monde l’appelle. Ils s’adorent tous dans ce gouvernement. Et du Nicolas par ci. Et du Jean-Louis par là. Avec Dominique ou Jacques, ça semble un peu plus difficile. Mais bon, il est vrai qu’on arrive dans la stratosphère…

Donc, Azouz, respectable et tout. Et il y croit, à son truc. Il mouille le maillot. Il fait pas semblant, le gone ! Comme tout bon banlieusard de Lyon – qui n’est qu’à 60 km da la capitale des Gaules – je l’avais bien connu et apprécié en tant qu’écrivain plutôt talentueux, très sympathique et tout et tout.

Mais bon, « l’égalité des chances », c’est un beau titre pour une fiction. Dans la vie, la vraie, le premier benêt venu sait que c’est du pipeau. On raconterait même pas ça aux petits enfants pour les endormir le soir : « Ils eurent beaucoup d’enfants qui vécurent heureux au beau royaume de l’égalité des chances. » Bonne nuit …Dormez bien.

C’est un peu comme si moi, le directeur de cette école, je faisais marquer sur mes cartes de visites : « Gérard DI CICCO - Maîtrise d’Egalité des Chances. » Remarquez, ça en jetterait un max, non ?

Car, bien sûr, « l’égalité des chances », ça n’a jamais existé et ça n’existera jamais. Il faudrait toujours l'encadrer de guillemets, comme je le fais d'ailleurs ici. Selon que vous naissez rue Pierre Loti, rue Edgar Degas ou Cours Fauriel, c’est pas tout à fait pareil.
Selon que vous vous appelez Charles-Edouard, Latifa ou Samir, vous ne partez pas dans la vie avec les mêmes bagages, sur le même quai, dans le même train.

Au slogan racoleur et trompeur « d’égalité des chances », je préfèrerais un autre programme :
donner les mêmes moyens à toutes et à tous. Et, si possible, donner un peu plus à celles et à ceux qui démarrent dans la vie – dans des quartiers et des banlieues – où il faut en faire bien plus pour s’en sortir. Donc, juste retour des choses.

Sans tomber dans la « discrimination positive », non plus. Autre concept, d’origine bien anglo-saxonne, qui est en lui-même un fort déplaisant oxymore : je te discrimine, mais t’inquiète pas, c’est pour ton bien, tout ça est très positif, en fait. Tu parles ! Autant parler de racisme égalitaire, aussi, tant qu’on y est, ou de violence pacifique !!!

Tout ce que veulent ces enfants et ces jeunes, c’est qu’on leur donne de vrais moyens pour y arriver. Ils veulent le faire avec leur propre mérite, avec leur intelligence et leurs talents. Et ils en ont, pour beaucoup d’entre eux. Question de dignité et d’orgueil.

Egalité de moyens, donc. Qu'on y mette le paquet, tant qu'on y est. Pour le coup, ça voudrait vraiment le coût, un challenge pareil.

Qu’on laisse la chance aux casinos et aux joueurs de loto.

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