13 septembre 2006

La violence du fleuve


L’ami Louis de Namur, en Belgique, m’envoie cette belle pensée ( Lanza del Vasto ou Brecht ?) :
« ON PARLE SOUVENT DE LA VIOLENCE DU FLEUVE, MAIS JAMAIS DE CELLE DES RIVES QUI L’ENSERRENT. »
Et l’ami ajoute que « celui qui a écrit cela a raison et tort à la fois. Tort car que serait le fleuve sans ses rives ? Et c’est bien la vigueur du fleuve qui a forgé ses rives, sans quoi il ne serait pas, ne serait plus. C’est bien aussi la rigueur des fleuves qui fait le fleuve en l’enserrant, le canalisant plus ou moins. »
Vous aurez compris qu’il ne s’agit point d’excuser la violence et ses conséquences. Mais bien de la décrire et surtout la comprendre. Analyser n’est pas absoudre !
Et que fait l’école, et qu’est-ce que je fais dans mon école et dans ma classe si ce n’est prendre en compte en même temps la force de tous ces mini-fleuves que sont nos élèves et les contraintes, parfois trop fortes pour eux, qui les enserrent, les brident ? Au point qu’ils emportent tout sur leur passage, y compris eux-mêmes d’ailleurs. Ils s’emportent alors dans leur rage ou leurs colères, sans toujours comprendre ce qu’ils font et ce qui leur arrive.
À nous donc de gérer à la fois le courant du fleuve et la contrainte des rives. Des rives qui enferment, mais qui sont aussi repères. Sans oublier le chemin du fleuve, son parcours, sa direction.
L’école est bien aussi le lieu permanent de cette dialectique : contraindre tout en laissant couler, apaiser sans enlever trop de force au courant vital. Loin du marécage et de ses eaux stagnantes et putrides. Loin des crues dévastatrices qui emportent tout sur leur passage et oublient jusqu’aux rives qui étaient censées les borner et les contenir.
Pour l’instant, en ce début d’année ardu, mes élèves sont plus torrents de montagne à peine sortis de la moraine glaciaire. De les voir ainsi me rappelle de belles images de Vanoise et de superbes randonnées que je fis dans ces contrées superbes. Ce souvenir et cette vision apaisent mon esprit et modèrent mon inquiétude.
La randonnée peut alors commencer.

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