10 septembre 2006

Echec et désarroi

Je parle à quelques collègues de l’interview toute fraîche d’un prof d’école tout frais émoulu – et vite moulu – qui a démissionné, complètement écoeuré, au bout d’un an de galère. Son bouquin s’appelle : « Les désarrois d’un instituteur. » Pas moins.
On peut comprendre aisément certaines des raisons qui l’ont amené à quitter la maison Education. Tout le monde reconnaît que l’IUFM ne forme pas assez les futurs enseignants à affronter – gérer ? – un groupe classe sur le plan relationnel.*
Formation trop théorique, sûrement. Ce que confirme un de nos tout jeune collègue – donc frais émoulu pas moulu – qui est remplaçant – BAZIL dans le jargon.
On peut juste remarquer au passage que les médias, une fois de plus, font leurs choux bien gras des propos de tous ceux qui dénoncent le système et ses travers. « Alors, racontez nous comment c’est nul, l’Education Nationale. Et surtout n’hésitez pas à nous illustrer vos propos avec quelques anecdotes bien croustillantes. »
Bon, OK, tout n’est pas si bien que ça dans le mammouth. Mais il ne fabrique pas que des crétins, n’est-ce pas, M. Brighelli ?
Imaginez une interview normale d’un pédago de base normal qui expliquerait que
« bon c’est pas fastoche tout le temps mais on y arrive. Et les élèves repartent avec un bagage et des connaissances. On leur apprend même à lire ou à compter pour certains. Si si, je vous assure. Ils ne sortent pas tous illettrés ou analphabètes. Pas tous. Et même qu’il y a des pédagos qui y prennent du plaisir et qui démarrent l’année avec entrain – même de banlieue. Un nouveau challenge avec de nouvelles têtes. »

Mais ça, ça va intéresser qui ? Quelle télé ou quelle radio ? Aucune chance de faire grimper l’audience avec ça. Alors que si tu démolis à mort et que tu fais dans le bien saignant…voire l'anecdotique...
Moi, par exemple – au hasard – peu de chance qu’on me tende un micro. J’ai 53 balais, c’est ma énième rentrée et j’aime toujours autant ça. Maso, je dois être.
D’autant plus que je vais avoir des schtroumpfs pas évidents évidents du tout à gérer, je le sais déjà ; ça sert aussi à ça, les réunions de cycles, dans lesquelles on ne parle pas que de vélo mais aussi des élèves et de leur parcours et des difficultés de certains ; dont les miens ont fait partie.
Mais bon, ça fait un challenge de plus. Une chose est sûre : je vais pas m’ennuyer. Mais comment peut-on s'ennuyer, d'ailleurs, dans ce boulot ?

* 75 % des enseignants jugent "insuffisante" voire " très insuffisante" leur formation en IUFM d'après une enquête de la DEP ( Direction de l'Evaluation et de la Prospective).
Entre autres, ces enseignants demandent " des réponses sur la gestion du quotidien ainsi qu'une praxis efficace et mobilisable immédiatement " ( c'est à dire des recettes simples et efficaces, au moins au début )

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