14 septembre 2006

Un parmi d’autres ( e pluribus unum )




Donc c’est vendredi. Il est un peu plus de 17h45. Et tout ce que j’arrive à penser, en rassemblant quelques neurones égarés et ce qu’il me reste d’énergie est :
« Tiens ! La semaine est finie ! »
Comme si le fait d’avoir survécu à cette deuxième semaine pouvait être considéré comme un exploit ! Je ne suis sûrement ni plus ni moins bien loti que tous les instits et profs d’école disséminés ici ou là sur le territoire national – sans oublier nos DOM TOM, pour qui j’ai une pensée émue en ce moment même ; pensez : un petit bout de France si loin de la mère patrie.

Alors voilà : j’ai dû accueillir dans mes locaux – qui sont en fait ceux de la municipalité stéphanoise – les élèves de maternelle et de primaire qui n’ont pas pu prendre le repas de midi dans les locaux de la cantine ( il paraît qu’on dit maintenant « le restaurant scolaire », ooopppsss ! ) Un groupe dans la salle informatique et les autres dans la bibliothèque. Ils ont donc pique-niqué vu que la salle de cantine ressemblait plus à une pataugeoire qu’à une salle à manger et qu’il aurait fallu des bottes, un ciré et un moral solide pour y prendre une collation même légère.
Bon d’accord, il a plu pas mal toute la nuit ; ce qui arrive fréquemment en septembre, d’ailleurs. Mais il y a à tous les coups – foireux – une entreprise d’étanchéité qui a dû merder un max au niveau de la toiture pour transformer celle-ci en passoire à la moindre intempérie.
Je ne jette la pierre à personne : j’ai pour habitude de nettoyer d’abord celles, nombreuses et parfois de taille, qui sont dans mon propre jardin.

Bref. Il a fallu gérer l’urgence et l’impondérable. Une fois de plus. On l’a fait. Les gamins trouvaient ce genre de nouveauté plutôt rigolote. On a donc transformé une petite catastrophe en un moment imprévu,et presque convivial. Les gamins ont bien aimé.

Moi ? j’ai pris ce genre de péripétie avec beaucoup de philosophie et d’humour. Ce qui m’inquiète un peu, c’est que je l’ai pris également avec pas mal de fatalisme.
Serais-je timoré, désabusé, voire cynique ?

L’après-midi, après cet intermède surprenant, j’ai dû gérer de nouveau les 2 ou 3 élèves de ma classe qui, décidément, ne font vraiment rien comme les autres. Et qui, subséquemment, dérangent tous les autres qui n’ont pas forcément besoin de cette gêne-là.
J’ai géré tant bien que mal, avec beaucoup d’énergie, de concentration et pas mal de savoir-faire – sans fausse modestie. J’ai pris beaucoup sur moi. Psychologiquement, ce genre d’exercice sur corde raide permanente, ça vous travaille et ça vous use très vite ce qu’on appelle communément « les nerfs », pour faire court.

Et, à ce point de la réflexion et de réflection, je repense à toutes celles et tous ceux, débutants, qui se retrouvent en cette rentrée devant des classes de zozos de ZEP et qui se demandent bien ce qu’ils sont venus faire et comment ils vont bien pouvoir gérer « tout ça » sur une année scolaire complète.

Je ne suis pas tout à fait débutant mais je me pose le même genre de questions.
Et, franchement, je n’ai pas encore toutes les réponses. Je fais le solide, comme ça en apparence, mais ces quelques gamins me plongent dans le trouble et dans des abîmes de doute avec des questions bien épaisses du genre : est-ce qu’on va arriver à trouver un socle commun ? Est-ce qu’on va s’occuper d’abord des problèmes de comportement avant les contenus, ou l’inverse ou en même temps ? Est-ce que, certains soirs en sortant, je ne vais pas mordre un chien ? Vais-je commencer à me ronger les ongles ? Ou vais-je me teindre enfin les cheveux ?


Bref, tout ça s’agite bien dans ma p’tite troche de pédago aguerri.
Aguerri ? Tu parles !!!! Pas trop guéri avec de forts risques de rechute. Mais, chut, la représentation est déjà commencée…

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